Code de vie
À l’usage de l’équipe et des résident·e·s de Maison St-Dominique
Le rétablissement
Depuis ses débuts, Maison St-Dominique a pour mission d’offrir du logement social permanent avec soutien psychosocial et communautaire à des adultes à faible revenu, vivant seuls et ayant des problèmes de santé mentale. MSD gère actuellement sept maisons dispersées sur le territoire montréalais.
Le soutien apporté par Maison St-Dominique s’inscrit dans la vision du rétablissement, et en voici la définition de la chercheuse Nathalie Lagueux (2007) :
Des témoignages de personnes
en rétablissement
Maison St-Dominique identifie six valeurs
chapeautant ses orientations, ses actions et les rapports humains dans le milieu de vie.
Espoir
C’est la base sur laquelle se construit le rétablissement.
Espérer, c’est croire profondément que la vie continue après le diagnostic. C’est refuser d’être seulement un diagnostic et demeurer une personne à part entière, une personne qui apprend à vivre avec un problème de santé mentale tout en continuant à se réaliser. L’espoir, c’est ne pas laisser toute la place à ce qui ne va pas bien et faire de la place à ce qui est positif. Autrement dit, c’est miser sur ses forces. Avoir de l’espoir, c’est développer des attitudes positives et trouver des moyens favorisant le rétablissement. Par exemple : méditation, marche quotidienne, dessin, bon sommeil, saines habitudes de vie, échanges avec des personnes inspirantes…Respect
C’est avoir de la considération envers soi, envers l’autre et envers son environnement.
Se respecter, c’est tout d’abord de se considérer comme une personne unique, un être humain de valeur, qui a beaucoup à apporter aux autres. Avoir du respect, c’est garder son calme et traiter les autres avec égard, même dans des situations de conflits. C’est savoir écouter l’autre, même lorsqu’on a des opinions différentes. C’est respecter son environnement immédiat. Par exemple, en utilisant les aires communes (salle communautaire, couloirs, buanderie, etc.) avec la conscience qu’il s’agit d’espaces partagés et que chacun doit faire sa part pour le bien-être de tous. C’est aussi respecter son quartier. Chacune des maisons MSD fait partie intégrante du quartier dans lequel elle est située. Il importe d’entretenir des rapports humains positifs avec les gens du quartier, tels que les voisins, les commerçants, les enfants des écoles environnantes, les personnes âgées, etc. En toutes circonstances, le respect permet de contribuer à garder le quartier agréable et propre, et d’en faire un lieu où il fait bon vivre.
N’oublions pas que la vie de chaque être humain est sacrée.
Créativité
Créer, c’est aller au-delà des façons conventionnelles de penser et d’agir.
À MSD, la créativité se traduit souvent par l’audace de créer ses propres projets. Des exemples de projets des résident·e·s :
- Projet de Réjean : Les soirées de matchs ensemble à la télé avec animation festive
- Projet de Dino : Soirées cinéma « Les classiques à Dino »
- Les repas communautaires ou cafés-rencontres spontanés initiés par plusieurs résident·e·s.
La créativité, c’est aussi utiliser son pouvoir de décision. C’est oser apporter son point de vue au Comité des résident·e·s afin d’agir en regard d’une situation ou d’améliorer des services existants. C’est également la recherche de moyens positifs, autres que le silence et la colère, pour exprimer son insatisfaction. On peut être créatif par des moyens liés à la communication, à l’expression par les arts, à des techniques de ventilation…
Être créatif, c’est trouver son propre chemin vers le rétablissement. C’est se permettre d’essayer de nouvelles choses et de se donner le droit de vivre de nouvelles expériences. Enfin, on est créatif en cherchant des moyens complémentaires au suivi médical pour améliorer sa santé physique et mentale. La créativité se manifeste un peu chaque jour pour créer la personne que je veux devenir.
Démocratie
C’est un système politique dans lequel le pouvoir de décision est attribué aux citoyens.
Pour exercer son pouvoir démocratique à MSD, la possibilité de participer à un des Comités des résident·e·s est offerte à tous. Ces comités veillent au bien-être de l’ensemble des résident·e·s des maisons qu’ils représentent. Les résident·e·s désireux d’améliorer une situation ou d’élaborer un projet dans leur milieu de vie seront toujours bien accueillis par leur Comité des résident·e·s. La participation à ces comités est un pouvoir démocratique accessible et à la portée de tous.
La présence de résident·e·s au conseil d’administration de MSD constitue aussi une voix démocratique. Quatre résident·e·s sont élu·e·s au conseil d’administration. Ils représentent l’ensemble des résident·e·s et ont droit de vote pour décider des orientations de l’organisme.
La démocratie se vit aussi lors des assemblées générales où chaque résident·e membre peut exercer son droit de vote pour nommer les membres du conseil d’administration.
Collaboration
C’est mettre en commun les compétences et connaissances de chacun afin d’atteindre un objectif commun.
À MSD, on offre un accompagnement personnalisé sous le signe de la collaboration entre le·la résident·e, l’équipe traitante et l’équipe MSD. Aussi, MSD et différents organismes communautaires collaborent ensemble pour encourager les résident·e·s à les fréquenter et à utiliser les services qui leur conviennent dans la communauté. La collaboration à MSD se vit tous les jours et prend des formes multiples : garder les maisons propres et attrayantes; aller frapper à la porte du voisin parce qu’on est inquiet de son absence; accompagner un·e résident·e lors d’un rendez-vous médical; aller en groupe faire son épicerie et partager le coût du taxi pour revenir avec les nombreux sacs; s’encourager entre voisins pour aller faire une marche quotidienne ensemble. Entre résident·e·s, le mot collaboration se traduit souvent par le mot entraide.
Éducation
C’est un puissant agent de changement sur les plans personnel et social
À MSD, l’éducation prend des formes multiples :
- Apprendre à s’aimer et par ce fait, renforcer l’estime de soi. C’est la base. C’est faire des choses par soi-même, écarter la peur du jugement des autres.
- Apprendre aux autres en reconnaissant son propre savoir et la valeur de son expérience de vie, qu’on appelle aussi savoir expérientiel. C’est partager ses connaissances et habiletés avec les autres.
- Apprendre, c’est être ouvert à discuter et recevoir du soutien pour faire des apprentissages, se renseigner sur ses droits et responsabilités.
- Apprendre sur sa condition médicale. Développer les connaissances nécessaires pour comprendre les enjeux liés à son état de santé. Ne pas donner à d’autres le contrôle sur les décisions à prendre concernant sa santé. Par exemple : s’intéresser au sujet, lire, poser des questions aux professionnels afin de participer pleinement à son rétablissement.
- Apprendre à développer les habiletés liées à la vie quotidienne et à l’autonomie telles que cuisiner, faire un budget, gérer sa médication, entretenir son logement, etc. C’est grâce à ces savoirs que le·la résident·e développe son autonomie résidentielle.
- Apprendre les habiletés liées à la vie sociale, telles que communiquer, écouter, briser la gêne, s’affirmer, s’impliquer, défendre ses droits, etc.
- Apprendre à développer ses compétences en lien avec ses intérêts et cela dans divers domaines : musique, informatique, danse, sports, cinéma, etc.
- On apprend aussi en partageant ses connaissances et habiletés avec les autres.
On n’a jamais fini d’apprendre!
Afin d’assurer une bonne communication entre les résident·e·s tout comme avec l’équipe de MSD,
on retrouve ici des informations en regard de trois sujets où la communication et la confiance sont des clés majeures.
Consommation
Une reprise de pouvoir face à ses habitudes de consommation entraîne le rétablissement. Il est établi que de nombreuses personnes souffrant de problèmes de santé mentale ont aussi des problèmes de consommation. Pour certains, la maladie les rend à risque de développer des problèmes de consommation et pour d’autres, le fait de consommer contribue au problème de santé mentale.
L’équipe MSD travaille avec une approche de réduction des méfaits. Ainsi, chaque résident·e à sa pleine autonomie. L’exercice de cette autonomie se fait toutefois dans un cadre où on respecte les règles établies (Règlements internes) et où on tient compte du fait que, dans chacune des maisons, certains résident·e·s travaillent très fort pour changer leurs habitudes de consommation. MSD les appuie dans leur démarche et demande le respect de ces personnes en évitant la sollicitation et la consommation dans l’immeuble et autour de celui-ci.
MSD se préoccupe de la sécurité de chacun·e des résident·e·s concerné·e·s par des problèmes de consommation et est soucieuse de faire connaître les ressources existantes en cette matière. N’hésitez pas à en discuter avec votre intervenant·e.
Situations d’urgence et de protection
Certains problèmes liés à la santé mentale peuvent créer des situations où il faut protéger la personne d’elle-même et de ce fait, protéger les autres personnes dans son environnement. Lorsque des résident·e·s remarquent qu’une personne ne va pas bien, il ne faut pas hésiter à en parler à un·e intervenant·e de l’équipe MSD. Le bien-être des résident·e·s concerne tant les résident·e·s que l’équipe MSD. Dans ces situations, MSD travaillera toujours en plaçant à l’avant, tant que cela est possible, le respect de l’autonomie de chaque personne. De plus, MSD travaillera en collaboration avec l’équipe traitante afin de prendre les décisions appropriées pour répondre aux besoins immédiats de la personne et assurer sa protection selon les dispositions prévues par la loi.
Heureusement, ces situations sont très rares.
Règlements des conflits
MSD, avec son document règlements internes, souhaite être le plus clair possible afin de baliser la vie dans chacune des maisons, tant sur les plans individuel que communautaire. Pourtant, l’expérience nous enseigne que des situations problématiques, telles que le non-respect persistant des règlements ou des conflits entre résident·e·s, peuvent prendre place, et qu’il importe de demander la collaboration de tous pour arriver à gérer ces situations afin qu’elles se résorbent.
Dans toutes les situations, ce qui est mis de l’avant est la communication pacifique, l’écoute des uns et des autres et l’utilisation d’un plan d’accompagnement. À la suite d’une ou plusieurs rencontres, l’intervenant·e de MSD verra à la rédaction d’un plan d’accompagnement visant un correctif de la situation. En plus d’un échéancier précis, le plan d’accompagnement identifie des objectifs et des moyens pour les atteindre; on y inscrit aussi les forces et ressources disponibles pour ce faire.
Le plan d’accompagnement sera présenté aux personnes concernées, qui pourront donner leur avis afin d’arriver à une adhésion et un engagement de tous. À noter que, selon la nature du problème, l’équipe traitante des personnes concernées pourrait être informée de la situation et participer à la mise en place d’ajustements.
Deux catégories de situations peuvent se présenter et pour chacune, l’approche de résolution de conflits de MSD est présentée ici.
Situations problématiques concernant un·e résident·e en particulier
Si la situation problématique concerne une personne en particulier, c’est l’équipe de MSD qui interviendra de façon à ce que la personne soit entendue et reçoive l’aide pour elle-même régler la situation problématique. La personne sera rencontrée et un plan d’accompagnement sera rédigé par la suite. Au besoin, l’intervenant·e de MSD apportera le soutien nécessaire à la personne résidente pour l’application du plan d’accompagnement.
Situations problématiques ayant des impacts sur plusieurs résident·e·s
Lors d’une situation problématique liée à plusieurs résident·e·s et ayant des impacts négatifs sur d’autres résident·e·s, le problème sera d’abord traité avec une approche de médiation. Dans un premier temps, une rencontre avec les personnes impliquées en présence d’un·e intervenant·e de MSD sera tenue. Lors de cette rencontre, dans un esprit de collaboration, les personnes seront invitées à nommer clairement le problème et à proposer des solutions. Au besoin, l’intervenant·e de MSD apportera son soutien aux personnes concernées, pour l’atteinte des objectifs du plan d’accompagnement et afin que la situation revienne à la normale rapidement.
Devant le non-respect d’un plan d’accompagnement établi et devant la persistance du problème, l’intervenant de MSD informera la direction de MSD de la situation. La direction de MSD décidera des actions à poser afin de veiller au bien-être de tous. Les conséquences peuvent aller jusqu’à une fin de bail.
Ces situations sont toutefois très rares.
